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Du 23 au 25 mai dernier, j’ai eu l’opportunité de présenter mon projet de thèse de maîtrise et certains premiers résultats à la conférence OE Global 2022 à Nantes en France. Conférence internationale sur l’éducation ouverte, des chercheurs, praticiens, bibliothécaires et professeurs de partout dans le monde s'y sont rencontrés pour présenter et discuter des derniers développements dans le domaine.


Cette année, la conférence avait comme mandat d’engager la communauté mondiale de l'éducation ouverte et fournir des contributions, des éclaircissements et des conseils pour la mise en œuvre des domaines d'action de la recommandation de l'UNESCO sur les REL. Ancrée dans la recommandation trois qui est de favoriser un accès effectif, inclusif et équitable à des REL de qualité, ma présentation de recherche s’inscrivait aussi dans les objectifs de développement durable des Nations Unies, particulièrement l’Objectif 4, assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie, et l’Objectif 10, réduire les inégalités, dans ce cas-ci les inégalités linguistiques, dans les pays et d’un pays à l’autre (Nations Unies, s.d.).


Ma session Pratiques de l’éducation ouverte au postsecondaire en milieu minoritaire francophone au Canada a été présenté dans le grand auditorium, avec diffusion simultanée en ligne, ce qui lui a permis un bon rayonnement. Elle est maintenant disponible sur la chaîne YouTube de OE Global.



Au sujet de la langue

Dès la session d’ouverture de la conférence, une proclamation a été faite au sujet de la langue et des limites du multilinguisme de la conférence : « If openness is about breaking barriers, language us an issue ». Considérant le sujet de mon projet, cette mention m’a évidemment accrochée. Sur 86 sessions offertes, 56 étaient en anglais, 21 en français, 6 en espagnol, et 3 en arabe. L'outil de traduction instantanée par intelligence artificielle développé par des étudiants de Nantes Université, bien qu'ayant du potentiel, ne permettait pas de suivre efficacement le contenu des sessions. Seulement des mots-clés disparates apparaissaient à l'écran. Donc, comme participante qui ne parle pas l'arabe ni l'espagnol, il m'était impossible d'assister à ces sessions. Même chose pour les participants qui ne parlent pas français; ils ne pouvaient pas assister aux 21 sessions de manière attentive. L'anglais dominait.


Alors, comment faire de l’éducation ouverte quelque chose de réellement ouvert et inclusif, lorsque nous avons une barrière de langue qui cloisonne des communautés?


Durant la période de questions de ma session, une question a réitéré ce point. Un participant de la France m’a demandé ce que je voulais dire par « minorités linguistiques » ? Il s’agit d’une question pertinente car elle exprime l’incompréhension de ce concept pour ceux qui ne vivent pas dans cette réalité.


Une minorité linguistique est un groupe de personnes ou une communauté historiquement établie sur un territoire géographiquement reconnu, qui parlent une autre langue que la langue officielle, ou la langue majoritaire. Par exemple, en Ontario, les francophones sont des Franco-Ontariens. Ils sont une communauté linguistique en situation minoritaire. En Saskatchewan, il y a les Fransaskois. En Nouvelle-Écosse, les Acadiens en Nouvelle-Écosse, etc. La seule communauté francophone à ne pas être en situation minoritaire au Canada est la communauté Québécoise. Par contre, au Québec, les anglophones sont en situation minoritaire. Bien que ces groupes parlent une langue dite minoritaire, ces langues sont tout de même officielles au Canada, ce qui font d'eux des communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM).


Cette question m'indique qu'il s’agira d’un élément à définir et établir en profondeur dans la rédaction de ma thèse de recherche ainsi que lors de présentations à venir. Je ne peux pas tenir pour acquis que tous comprennent ce concept et sont familiers avec ces communautés.


Au sujet de la recherche ouverte

On m’a aussi demandé pourquoi effectuer une recherche ouverte?


Il s’agit d’un principe important de ma recherche. Cette approche implique le partage d’informations sur les méthodes, les données et les analyses effectuées. Dans le cadre de ce projet, j’utilise le blogue de ce site web pour diffuser des résultats préliminaires et des observations durant ma période de recherche et rédaction. Les données entières ne sont pas partagées, mais plutôt un aperçu initial et des généralisations de résultats, sous forme de pourcentages par exemple. Le blogue est écrit en prose, avec mes premières impressions d’analyses, en suivant l’idée de Humphreys et al. (2021) qui suggère un état de réflexivité du chercheur. Il s’agit d’offrir à la communauté scientifique un aperçu de comment une recherche ouverte peut se dérouler et aussi d’aider d’autres jeunes chercheurs à s’engager dans le processus de recherche.


L’organisme GO-GN (Global OER Graduate Network) dit qu’une des caractéristiques des chercheurs ouverts est qu'ils intègrent souvent des éléments ouverts dans ce qu'ils font. Ceci peut inclure des éléments tels que :

  • Gestion de projet agile

  • Influence directe sur la pratique

  • Transparence radicale

  • Présence sur les médias sociaux, les blogs

  • Utilisation des réseaux comme ressource de recherche

  • Partage des instruments de recherche

  • Publication en libre accès

Il appartient à chaque chercheur de décider dans quelle mesure il rend sa pratique de recherche ouverte, mais beaucoup trouvent que les pratiques ouvertes améliorent l'efficacité, la portée et l'impact de leur travail (Farrow et al., 2020). J’essai de travailler selon ces principes.


Catherine


Références

Farrow, R., Iniesto, F., Weller, M. et Pitt., R. (2020). The GO-GN Research Methods Handbook. Open Education Research Hub. The Open University, UK. CC-BY 4.0. https://go-gn.net/gogn_outputs/research-methods-handbook/


Humphreys, L., Lewis Jr, N. A., Sender, K., et Won, A. S. (2021). Integrating qualitative methods and open science : Five principles for more trustworthy research. Journal of Communication, 1–20.


Innovation, Sciences et Développement économique Canada. (2013, 21 mars). Qu'est-ce qu'une communauté de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM)?. https://ised-isde.canada.ca/site/communaction/fr/communautes


Nations Unies. (s.d.) Objectifs de développement durable - 17 objectifs pour changer le monde. https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

La collecte de données pancanadienne a eu lieu du 30 mars au 6 mai 2022. Durant 5 semaines, les bibliothécaires, professeur.e.s et chargé.e.s de cours au postsecondaire en milieu minoritaire francophone étaient invités à participer à un questionnaire en ligne de 38 questions ouvertes et fermées.


D'un objectif ciblé de 30 questionnaires complétés, j'ai réussi à en recueillir 68 ! Il s'agit d'un taux de participation au-delà de mes espérances et je suis très reconnaissante de l'intérêt exprimé pour ma recherche.


Une autre grande réussite pour moi est la distribution des données à travers les provinces. Avec un début de collecte qui présentait surtout des résultats de l'Ontario et de l'Alberta, les semaines 4 et 5 ont été déterminantes. J'ai concentré mes énergies à recruter dans les provinces de l'Est et de l'Ouest, et le résultat a été très positif! Au final, j'ai une très bonne représentation des provinces de l'Ouest, avec 6 réponses de la Colombie-Britannique, 9 de l'Alberta, 4 de la Saskatchewan, et 6 du Manitoba, pour un total de 25 réponses (37%). L'Ontario comptent pour 20 réponses (29%). Et les provinces de l'Est, Nouveau-Brunswick (12), Nouvelle-Écosse (6) et l'Île-du-Prince-Édouard (4), comptent pour 32% des réponses. Cette dispersion assez égale des réponses à travers les différentes provinces va assurément donner une analyse plus robuste et intéressante.


Ayant toutefois essayé, je n'ai pas réussi à recruter de participants des provinces et territoires du Nord. Ceci n'est pas une grande surprise car il n'y a aucun établissement d'enseignement postsecondaire francophone ou bilingue (FR et EN) à Terre-Neuve-et-Labrador, au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon. Il était donc difficile de recruter des participants.



Trois approches de recrutement

Mon recrutement s'est déployé en trois approches : publications sur Twitter, courriels sur listes de distribution professionnelles et courriels directs.


Twitter

Au courant de 5 semaines, j'ai fait 8 tweets qui invitaient des établissements d'enseignement postsecondaire à participer. J'ai eu quelques Mentions J'aime et des retweets, qui ont augmenté la diffusion de l'invitation, mais je ne crois pas avoir atteint ma cible avec cette approche. Mis à part la Faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa, aucun autre des établissements ciblés n'a relayé ma publication.



Listes de distribution

J'ai également envoyé mon invitation de participer à la recherche à travers certaines listes de distributions, particulièrement les listes des réseaux sur l'éducation ouverte et les ressources éducatives libres. Bien que ces listes rejoignent souvent un public plutôt anglophone et que certaines couvrent le Canada et les États-Unis, j'ai quand même tentée ma chance de trouver des participants francophones en contexte minoritaire.


Il est difficile d'évaluer l'efficacité de cette méthode de recrutement, ne sachant pas qui sont abonnés aux listes.


Courriels directs

Le plus gros du travail de recrutement s'est fait par courriels directs et je peux confirmer que c'est par cette approche que j'ai réussi à compléter ma collecte de données avec succès.


En fouillant sur les sites des établissements d'enseignement postsecondaire bilingues et francophones, ainsi que les départements de français et d'éducation de diverses établissements anglophones, j'ai établi une liste de plus de 250 professeur.e.s, bibliothécaires et chargé.e.s de cours qui correspondaient au profil de participant recherché. Cette liste a évoluée durant la période de recrutement, passant d'une cinquantaine de noms à plus de 250, car j'ai continué à chercher en ligne pour trouver des participants potentiels.


J'ai envoyé des courriels d'invitation à participer à la recherche à ces contacts, en plus d'envoyer des courriels de rappel vers la fin de la période de collecte de données. C'est plus de 400 courriels envoyés! Je n'ai pas utilisé d'outil d'envoi massif de courriel, mais bien fait les envois "à la mitaine", comme on dit. J'ai personnalisé chaque courriel, en utilisant le prénom du destinataire, et je crois que cela à interpellé les participants. J'ai reçu plusieurs courriels de suivi des participants pour me dire qu'ils avaient rempli le questionnaire et qu'ils étaient intéressés par la suite du projet, ce qui m'a fait grandement plaisir.


Conseils pour futur.e chercheur.e

Le recrutement d'une collecte de données prend du temps et demande des efforts. Pour ma part, je n'ai pas lancé ma collecte et attendu patiemment que les gens y participent. J'ai été active tout au long de la période de recrutement, en continuant de chercher pour des participants potentiels, en effleurant les sites d'associations professionnels et groupes de recherches, et en envoyant beaucoup de courriels d'invitation et des courriels de rappel. J'ai fait des tweets de manière régulière. J'ai aussi observé mes statistiques de données, particulièrement de la provenance des résultats, à mesure qu'elles s'accumulaient. Avec ces indications, j'ai pu mettre mes efforts aux endroits les plus pertinents. Comme mentionné, au début de la collecte, la plupart des résultats venaient de l'Ontario et l'Alberta. J'ai donc fait des efforts considérable de recrutement dans les autres provinces à partir de la semaine 4 pour m'assurer d'avoir un ensemble de données plus représentatif de la situation canadienne. Ces efforts ont porté fruit.


En résumé, il ne faut pas négliger le travail de cette étape cruciale de votre projet de recherche. Aussi, il est important de suivre l'évolution de la collecte, dès le début, pour s'assurer de rencontrer nos cibles.


Catherine




Si vous êtes intéressés par l’éducation ouverte et que vous êtes professeurs ou bibliothécaires en milieu francophone minoritaire, je vous invite à remplir le questionnaire disponible en ligne, sur les pratiques de l’éducation ouverte au postsecondaire en milieu minoritaire francophone au Canada. Pour participer à l’étude, il suffit de remplir et soumettre un questionnaire en ligne, d’une durée d’environ 20 minutes. L’onglet Projet de recherche du site web présente les détails sur le consentement à participer à l'étude et l'approbation déontologique reçue.


En tenant compte de l’émergence du mouvement de l’éducation ouverte, particulièrement dans le milieu postsecondaire, nous nous intéressons à mieux comprendre les pratiques de l’éducation ouverte des professeurs et bibliothécaires au postsecondaire au Canada en contexte minoritaire francophone. Nous cherchons à comprendre dans quelles mesures les pratiques de l’éducation ouverte sont adoptées ainsi que les défis rencontrés par les professeurs et bibliothécaires. Dans une perspective de justice sociale, nous cherchons aussi à mieux comprendre les enjeux d’équité entourant l’éducation ouverte en contexte francophone minoritaire. Ma recherche cherche à répondre aux questions suivantes: Dans quelle mesure, le cas échéant, les professeurs et bibliothécaires en milieu francophone minoritaire au Canada adoptent-ils des pratiques de l’éducation ouverte? Quelles sont les pratiques de l’éducation ouverte adoptées? Quels sont les défis d’intégration des pratiques de l’éducation ouverte dans ce contexte linguistique minoritaire? Dans quelle mesure ces professeurs et bibliothécaires considèrent-ils les enjeux d’équité de la langue dans leurs pratiques d’éducation ouverte?


Les pratiques de l’éducation ouverte n'ont pas une seule définition qui fait consensus. Concept utilisé au départ pour définir les activités pédagogiques qui faisaient l’usage de ressources éducatives libres (Bali et al., 2020 ; Blyth et Dalola, 2016), d’autres définitions émergent dans ce domaine naissant de recherche. Cronin (2017) suggère que les pratiques de l’éducation ouverte est un terme vaste qui décrit des pratiques qui incluent la création, l'utilisation et la réutilisation des REL ainsi que les pédagogies ouvertes et le partage ouvert des pratiques d'enseignement. Paskevicius (2017) offre une définition encore plus détaillée de ces pratiques :

Teaching and learning practices where openness is enacted within all aspects of instructional practice; including the design of learning outcomes, the selection of teaching resources, and the planning of activities and assessment. OEP engage both faculty and students with the use and creation of OER, draw attention to the potential afforded by open licenses, facilitate open peer-review, and support participatory student-directed projects (p. 127).



Recherche ouverte

Pour être conséquente avec le sujet de ma recherche et vivre l’expérience ouverte que je soutiens en éducation, je vais faire de ce projet une recherche ouverte. Je vais appliquer des principes de la recherche ouverte, par exemple la transparence et la réflexivité.

Transparency in open science in its simplest form requires researchers to share information about their methods, the data they use, and the analyses they conduct so that the larger research community can not only reproduce their research but also help to ensure its replicability. (Humphreys et al., 2021, p. 4).

La recherche ouverte suggère un état de réflexivité du chercheur par rapport à sa position personnelle (niveau social, culturel, les motivations derrière la recherche, etc.), relationnelle (vis-à-vis les participants), méthodologique, contextuelle et disciplinaire (Humphreys et al., 2021). S’engager dans la réflexion par rapport à notre recherche ouverte peut contribuer à produire des résultats plus précis, plus modestes et plus éthiques, en plus de nécessiter de la transparence (Humphreys et al., 2021).


J’utilise donc ce site web pour diffuser des résultats préliminaires et faire part du déroulement de la recherche. Le blogue présentera mes premières impressions d’analyses, une fois la collecte de données entreprise (voir Formulaire de consentement pour plus de détails sur les données quantitative utilisées pour cette partie du projet). Je prévois également développer un recueil dédié à cette recherche avec l’outil de publication ouvert Pressbooks, pour partager le contenu du processus de recherche, par exemple la dissémination des questions de recherche, des éléments qui ressortent du recensement de la littérature que j’ai effectué, le questionnaire, des données initiales, ainsi que des éléments d’analyses au fur et à mesure qu’ils se développent. Il s’agira d’offrir à la communauté scientifique un aperçu de comment une recherche ouverte peut se dérouler.


Merci beaucoup de votre intérêt pour le projet. Je vous reviens très bientôt avec la suite!


Catherine



Références

Bali, M., Cronin, C., et Jhangiani, R. S. (2020). Framing open educational practices from a social justice perspective. Journal of Interactive Media in Education, 2020(1).https://eric.ed.gov/?id=EJ1254006

Blyth, C., et Dalola, A. (2016). Translingualism as an open educational language practice : Raising critical language awareness on Facebook. Alsic. Apprentissage des langues et systèmes d’information et de communication, 19(1). https://journals.openedition.org/alsic/2962


Humphreys, L., Lewis Jr, N. A., Sender, K., et Won, A. S. (2021). Integrating qualitative methods and open science : Five principles for more trustworthy research. Journal of Communication, 1–20.


Paskevicius, M. (2017). Conceptualizing open educational practices through the lens of constructive alignment. Open Praxis, 9(2), 125–140. https://doi.org/10.5944/openpraxis.9.2.519


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